La ville de Saumur est située le long du fleuve royal qu'est la Loire. De nombreux cours d'eau alimentent ce fleuve, ce qui le rend d'autant plus sensible aux crues. Grâce au site Saumur-Jadis, véritable manne d'information historique dans le Saumurois, nous vous proposons un petit retour sur les plus grandes crues du XIXe et du XXe.
L'inondation de
janvier 1843
En 1843, la Loire moyenne n'enregistre pas de forte
montée des eaux. Cependant, à cause d'une crue soudaine de la Vienne, la Loire
atteint 6,70 m, le 17 janvier, sur la nouvelle échelle du pont Cessart. D'autre
part, depuis quatre jours, le Thouet présentait une élévation exceptionnelle. Le
Chardonnet est envahi par des eaux tumultueuses, qui emportent les murs des
jardins. Soldats et chevaux sont envoyés vers Doué, Montreuil et Fontevraud.
Par la rue Beaurepaire, les flots se répandent dans l'ensemble de la ville,
déjà envahie par des débordements, qui s'étaient produits en face de la rue de
la Tonnelle.Le quartier de Nantilly, autour de la rue du Pressoir, situé à un
niveau plus bas, est particulièrement éprouvé. De nombreux habitants
s'enfuient sur des charrettes ; d'autres, réfugiés au premier étage de
leur demeure, sont secourus en barque. Les dommages matériels sont
considérables. On comprend que l'anxiété réapparaisse le 23 octobre 1846, quand
la Loire moyenne remonte à plus de 6 mètres. Par bonheur, la Vienne n'était pas
alors en crue ; elle a servi de réservoir d'expansion aux flots du fleuve.
La nouvelle
catastrophe de juin 1856
La crue de 1856 bat tous les records connus, à la suite de
pluies ininterrompues, autant de régimes océaniques que semi-continentaux,
pendant tout le mois de mai. Les sols sont gorgés d'eau et toutes les rivières
de France sont en crue en même temps. À Saumur, le mercredi 4 juin au matin, la
Loire atteint 7m à l'échelle du pont Cessart, et l'eau continue à monter. De
l'autre côté du pont, Joly-Leterme et l'ingénieur des Ponts et Chaussées ont
oublié de murer deux passages souterrains débouchant sur le chemin de liaison
entre les deux quais. Les eaux s'engouffrent dans les galeries et jaillissent
avec la puissance d'un geyser à l'angle des rues de la Petite-Bilange et de la
Fidélité. Tout le quartier de la Petite-Bilange et du port Saint-Nicolas est
ravagé par un courant violent, qui emporte les pierres des seuils. De l’autre
côté, par suite des infiltrations diverses, une nappe d'eau recouvre la ville,
des murs de jardins s'écroulent, en particulier dans le quartier de la
Chouetterie et de la rue de Bordeaux. On circule en barque ou bien sur des
charrettes à cheval. À Saint-Hilaire-Saint-Florent, le bas quartier, non
protégé, est recouvert par deux mètres d'eau, et trois maisons sont emportées. Ce
même jour, une brèche de 180 mètres a ouvert le passage à un torrent
dévastateur qui s'engouffre dans la vallée de l'Authion. Après Longué, Beaufort
est submergé. Le désastre qui ravage la vallée de l'Authion touche le quartier
de la Croix Verte et les hameaux voisins, qui n'étaient pas défendus de ce
côté. Des mariniers expérimentés parcourent en barque la vallée à la recherche
des personnes menacées. Des villageois bivouaquent avec leurs animaux sur les
levées et sur les rues et les places de Saumur. Dans les quartiers sud, où
les eaux baissent rapidement, on se mobilise pour aider les sinistrés de la
ville et les nombreux réfugiés, qui errent totalement hébétés. La municipalité
fait distribuer des secours par l'intermédiaire du clergé ; les écuries
vides de l'École hébergent les animaux déplacés. Les liaisons ferroviaires et
télégraphiques sont interrompues pendant deux semaines.
La nouvelle
inondation de septembre-octobre 1866
Le 1er octobre 1866, les eaux du fleuve retrouvent à 10 cm
près leur niveau de 1856. Cependant, le nouveau quai de Limoges est construit
et la levée de défense est achevée. On ne signale pas de gros dégâts dans la
vieille ville, à part des infiltrations qui passent par des réseaux
souterrains.
L'inondation est plus spectaculaire du côté septentrional. La gare
d'Orléans est envahie par une nappe d'eau ; l'embarcadère primitif reste
au sec, mais le niveau de l'inondation correspond à celui des marchepieds des
wagons, ainsi que le montre cette gravure de l'Illustration.
Les nouvelles
inondations du début du XXe siècle
En 1904 et 1910, de nouvelles inondations sont constatées à
Saumur, de nombreuses cartes postales et photos témoignent de ces crues (relire
notre article). Bien que la crue se limite à une hauteur de 5,94 m, des cartes
postales représentent les inondations de 1904. La nappe d'eau recouvre tout
juste les pavés de la rue de la Petite-Bilange. L'alerte est plus sérieuse à
deux reprises en 1910. Déjà, en janvier-février, la Loire se fait
menaçante ; en novembre, elle atteint 6,40 m à l'échelle du pont Cessart.
Surtout, les hautes eaux durent longtemps, du 1er novembre au 10 décembre. Les
digues tiennent, mais des infiltrations se produisent à travers toute la ville,
surtout par l'intermédiaire des caves et des réseaux souterrains. Une carte
postale précise : « Dans
l'église Saint-Nicolas, il y avait 20 centimètres d'eau. Il n'y avait que les
ponts et le coteau où il n'y avait pas d'eau ». Tout le terrain du
Chardonnet et les bâtiments militaires sont envahis. On notera de nouvelles
crues mémorables en 1936 et plus récemment en 1982. En décembre 1982, la Loire
avait atteint un niveau de 6,02 mètres à Saumur. Un niveau bien plus important
qu’aujourd’hui où le fleuve plafonne à 4,2 mètres.
Article du 21 février 2021 I Catégorie : Vie de la cité