Cette semaine, je n'ai pas compris que le débat sur le confinement des plus de 65 ans et des plus fragiles, afin qu'on puisse laisser la jeunesse courir après son immunité collective, ait disparu des ondes radio. Je ne dis pas que j'y suis favorable, mais c'est étonnant ce silence. Pourquoi ne pas expliquer pourquoi on ne le fait pas. Ce qui m'a surtout interpelé, c'est la nouvelle fuite radioactive dans la Loire à la centrale de Chinon. Je n'ai pas tout compris, mais cela ne me rassure pas... En cherchant un peu, c'est comme pour le Covid, il y a plein de données techniques que les techniciens se disputent...
J'ai toujours été surpris du regard arrogant que les "vrais scientifiques" portent sur les sciences humaines. Ce qui se déroule sous nos yeux prouve qu'ils ne sont pas plus à l'aise que les sociologues et psychologues dans leurs certitudes. Cette semaine quelque 600 m3 de liquide radioactif se sont à nouveau répandus dans la Loire, comme en 2019 (relire notre article de cette semaine ici). Comme je ne suis ni médecin ni scientifique, j'ouvre mes yeux en grand et je lis tout doucement...
Pas de danger ?
Suite aux révélations de e l’Association pour le contrôle de la radioactivité dans l’Ouest (ACRO) (lire ici) de 2019, l'ASN, le très sérieux gendarme de la sureté nucléaire qui fait régulièrement des misères aux directeurs de centrales nucléaires s'était voulu rassurant et avait déclaré à l'AFP"qu’il n'y a pas de risque pour l'environnement ni pour le public "suite aux révélations". En début d'année, elle a rendu publics les résultats de son enquête et précisé que "les mesures dénoncées n'étaient pas significatives"... Nada. Suite aux nouveaux incidents, elle devrait ouvrir une autre enquête. Sauf que l'ASN ne le dit pas trop fort qu'elle bosse sur le sujet depuis 2008.
Inquiétudes de l'ASN
Cela inquiète vraiment l'ASN, comme vous pouvez le lire dans ce rapport ici. La seconde, c'est qu'on n'a découvert les dangers du Tritium qu'en 2007, quelques années après l’installation des centrales comme le souligne le livre blanc : "Un scientifique du CNRS concluait en 2010 à une «sous-estimation» par «les instances de radioprotection» de «la toxicité» du tritium, seul radioélément dont les rejets autorisés augmentent en France." Bon, encore moins rassurant : Le rapport ne comprend pas que "de nombreux animaux marins ou de rivières ont des concentrations en tritium qui sont plus fortes que celle dans l'eau environnante... (...) Existe-t-il un risque de bioaccumulation non élucidé"... Très bien et encore ?
La conclusion du Sénat
La conclusion, c'est un rapport du Sénat (lire ici) qui l'a faite en relevant d'abord une évidence : "La radioprotection, qui intéresse pourtant l'ensemble des travailleurs du nucléaire et les populations concernées, ne peut malheureusement être comprise que par quelques spécialistes." Et conclut : "Affirmer, comme le font les responsables des installations rejetant du tritium, que les rejets sont très inférieurs aux autorisations qui leur ont été accordées par décret ne suffit plus à rassurer les populations concernées. Si, comme ils le prétendent, il est impossible d'échapper aux rejets de Tritium, toutes les précautions doivent être prises pour en limiter au maximum l'importance, mais aussi pour en mesurer l'impact sur l'environnement et la santé humaine."
Ce qui m'interpelle le plus dans ce cas sanitaire, c'est que le risque du Tritium n'ait été découvert qu'en 2007 et que l'ACCRO n'a mis ce problème sur la place publique que l'année passée avec la conclusion : il y a risque de cancer avéré, mais on ne sait pas à quelle dose celui-ci peut intervenir... Si vous lisez le livre blanc de l'ASN, vous verrez que l'Autorité s'inquiète surtout pour le personnel du nucléaire, mais aussi leur descendance...
Michel Choupauvert
Article du 17 octobre 2020 I Catégorie : Vie de la cité