Cet ancien préfet a été élu durant l'été président de la société des membres de le Légion d'honneur de Maine-et-Loire. Une association peu connue qui fait rayonner les valeurs de cette distinction nationale et mène de nombreuses actions citoyennes et solidaires. Entretien.
La société des membres de la Légion d’honneur (SMLH) compte
420 membres en Maine-et-Loire. Elle se répartit en trois comités, à Angers, Cholet
et Saumur. Depuis le mois de juin, la section départementale est présidée par
Rémi Thuau, Préfet honoraire, qui a succédé à l’occasion de l’assemblée
générale à Pierre El Iman, Colonel en retraite.
Quel est le rôle de cette association ?
« La SMLH
regroupe des titulaires de la Légion d’honneur qui souhaitent, dans un cadre
associatif, apporter leur contribution aux objectifs poursuivis par cette
société. Il s’agit de faire vivre les valeurs de ce titre et mieux le faire
connaitre à la population. Nous organisons également un certain nombre
d’actions solidaire et citoyenne, notamment concernant l’insertion des jeunes
dans la vie professionnelle. Le comité de Maine-et-Loire a, par exemple,
décerné une bourse à certains élèves du département pour les récompenser de
leur travail méritant et exemplaire. L’idée est de les motiver eux et leurs camarades ».
Comment avez-vous obtenu cette distinction ?
« J’ai durant mon activité été Préfet dans différents
endroits en métropole et outremer de 1997 à 2012. J’ai obtenu la Légion
d’honneur en 2002, à l’époque j’étais Préfet délégué pour la défense et la
sécurité à Rennes. J’ai donc travaillé sur d’importants dossiers comme les
tempêtes destructrices et le naufrage de l’Erika en 1999. Cela a été une
surprise pour moi lorsque j’ai appris que l’on m’avait désigné pour la
recevoir. Cela a été un honneur, c’est pour cela qu’à mon sens il faut en être
digne et continuer à mener des actions solidaires pour le bien de la société,
il faut s’en servir et que cela ne soit pas simplement une reconnaissance
inutile. J’ai donc souhaité revenir dans ma région d’origine, le Saumurois,
pour y mener cette action associative. En effet, lorsque l’on est Préfet
on évite d’exercer sur son territoire pour éviter tout conflit d’intérêts ».
Quels sont les projets de l’association ?
« La SMLH est née à l’issue de la première guerre
mondiale en 1921 pour aider les détenteurs de la Légion d’honneur et leurs
familles. Nous allons donc bientôt célébrer son centenaire, à l’occasion duquel
nous souhaitons organiser des actions emblématiques. Le comité travaille en ce
moment même à la création de partenariat avec les collectivités, institutions,
entreprises et associations afin de monter des opérations diverses. Nous sommes
actuellement en train de débattre sur une évolution structurelle de la société.
Nos fonds proviennent essentiellement des cotisations des membres, de dons et
de legs. Cela ne nous donne donc pas accès à un portefeuille illimité et nos
actions le sont donc forcément. On pense alors à s’ouvrir au mécénat, même si
tous les membres ne sont pas en accord avec cette vision. Il y a encore du
travail. Globalement il s’agit aussi de donner du sens à cette distinction.
Nous devons être d’autant plus méritants qu’il y a de moins en moins de
personnes à qui l’on décerne la Légion d’honneur. Le gouvernement a décidé
depuis quelques années de réguler et de sélectionner plus finement les
personnes proposées à cette distinction ».
Justement, comment cela se déroule ? Comment obtient-on
la Légion d’honneur ?
« La Légion d’honneur est la plus élevée des
distinctions nationales. Elle est la récompense de mérites éminents acquis au
service de la Nation, à titre civil ou militaire. Pour la petite histoire, le
caractère civil et militaire de la Légion a été une expression de la volonté du
général Bonaparte qui y voyait un levier de l’unité nationale. Pour lui l’armée
était la nation, il ne fallait pas distinguer les deux on établirait deux
ordres, alors que selon lui il n’y a qu’une nation. Concernant son admission,
il y a un certain protocole, elle doit être remise par un membre qui est au
moins aussi gradé que celui qui la reçoit. En effet on distingue plusieurs
grades, celui de chevalier, d’officier et de commandeur. Il y a également deux
dignités différentes, celle de grand officier et grand’croix. Il y a donc une
personne qui fait la demande pour nous, pour moi cela a par exemple été un
préfet. Ensuite les propositions sont adressées au grand chancelier trois fois
par an, en janvier, avril et octobre. Ces propositions sont communiquées par le
grand chancelier au conseil de l’ordre qui se prononce sur la recevabilité des
propositions. Elles sont finalement soumises au Grand Maître à qui appartient,
en dernier ressort, la signature des décrets (publiés au journal officiel). C’est
donc tout un processus et une hiérarchie ».
Article du 07 novembre 2019 I Catégorie : Vie de la cité