J'ai déjà entendu le maire de Longué, Frédéric Mortier, se plaire à dire que sa ville était aussi grande que Paris (enfin je crois qu'il voulait parler de sa surface). En tout état de cause, avec la privatisation possible de son hôpital, elle a tout d'une grande et s'écrit en lettre capitale dans les grands médias nationaux... Le dossier est même sur le bureau de la ministre Agnès Buzyn qui réfléchit à son amputation. L'opération est une première, mais comment va-t-elle s'y prendre ?
Souvenez ce que rapportait la Cour des comptes quant on s'est aperçu que le nouvel hôpital de Longué était sans le sous après avoir engagé des travaux sans accord de financement : "insuffisances nombreuses dans la gouvernance du centre hospitalier (CH), une gestion des ressources humaines particulièrement défectueuse, des règles de la comptabilité publique trop longtemps perdues de vue qui s’ajoutaient à une situation financière très dégradée." Dans ses conclusions, le rapport estimait: "l’établissement ne présente aucune perspective de rétablissement durable dans sa structuration actuelle et sans aides financières de la tutelle; à situation constante, l’impasse financière ne peut que s’aggraver." On n'a pas attendu 107 ans avant que le dossier ne ressorte. Pour être précis, c'est 117 années d'endettement que la rapport notait...
Privatisation ?
117 ans, c'est long... Alors pour éviter de battre des records de gériatrie financière, l'ARS (autorité régionale de santé) et le département de Maine-et-Loire, en charge du suivi rapproché de cet établissement essentiellement consacré à l'accueil de personne âgée ont décidé mi-2019 de lancer un appel à repreneur. Deux dossiers se sont présentés. L'un signé du CHU d'Angers et l'autre du "Noble âge" une entreprise spécialisée dans la gestion d'Ehpad... Selon le Monde, le groupe est prêt à investir 18.5 millions d'euros et reprendre "l’ensemble des équipes, quel que soit le statut".
Comment vont-ils faire ?...
Et bien là, je me gratte la tête... Et je me dis que ce n'est pas possible. A ma connaissance, une entreprise ne peut avoir deux conventions collectives. Une, issue du privé, et une, issue du public ? Quand le Département a rebattu les cartes des prestations d'aide à l'enfance, l'incompatibilité des conventions collectives était une des raisons du licenciement des salariés des structures qui n'étaient pas reprises. La ministre a surement la solution... Cela ressemble à une fermeture, des mutations ou départs en retraite et une cession des murs à un Ehpad.
Et la dette ?
Nulle part, je n'ai pu obtenir des informations concernant la reprise de la dette. Celle-ci disparaitra-t-elle dans le trou noir de l'Etat ou s'accrochera-t-elle à son Hôpital de tutelle Saumur comme une moule à son rocher ? Ce serait important de savoir. Peut-être que le débat en plénière du Conseil Départemental en début de semaine apportera la réponse. Il aurait, aussi, pu être intéressant qu'il y ait eu des suites au rapport de la Cour des Comptes qui a épinglé le petit hôpital. Un procès par exemple. Qui a osé lancer des travaux sans financement et jouer ainsi avec l'argent des contribuables ? Qui ? C'est un peu comme à l'Abbaye de Fontevraud, où manifestement, il y a eu des erreurs de gestion ? Non, rien, pas de réponse. De l'argent disparait, des erreurs sont commises, volontaires ou non, mais personne n'est mis en cause...
Michel Choupauvert
Article du 13 octobre 2019 I Catégorie : Vie de la cité