Du samedi 1er au mercredi 19 décembre 2018, la municipalité de Chinon (Indre-et-Loire) présente l'exposition « Les Gueules Cassées » de René Apallec, dans la galerie de l’Hôtel de Ville. Découverte dans un grenier du centre-ville de Toulouse (Haute-Garonne), une série de
près de 200 collages rend hommage aux gueules cassées, ces martyrs de la guerre de 14-18, dont
nous commémorons cette année le centenaire…
Leur auteur, un certain René Apallec, disparu dans l’anonymat le plus total, laissant derrière lui un legs plus que singulier. La Grande Guerre, en plus d’être le premier conflit mondial marquant, laissa des traces indélébiles dans l’inconscient collectif, mais pas seulement.
René Apallec, un artiste anonyme
De retour du front, qu’ils soient Français, Allemands, Anglais ou Américains, « les gueules cassées », comme on les appelait alors un peu négligemment, portaient sur leurs visages les stigmates de la guerre. Ils symbolisaient le conflit dans ce qu’il eut de plus violent, de plus réel aussi. Impossible de les ignorer, ces malheureux soldats qui n’eurent pas la chance de bénéficier des progrès de la chirurgie moderne. Souvent stigmatisées, ces premières victimes d’un des conflits les plus meurtriers de tous les temps, furent honorées par un artiste anonyme : René Apallec.Des œuvres d’une originalité saisissante
Selon ses biographes, René Apallec, « ne faisant partie d’aucun mouvement ou famille artistique, a réalisé une grande partie de son œuvre dans le secret et refusait d’exposer ses collages qu’il considérait politiquement incorrects ». Ces œuvres, d’une originalité saisissante, témoignent en effet d’une vision pour le moins acérée de son temps et d’une grande imagination. Parfois insoutenables, ces portraits pourtant classiques dans leur mise en scène révèlent en détail une technique singulière, entre peinture et collage de papier froissé, donnant un relief sans pitié aux visages détruits de ces combattants anonymes de la Grande Guerre.
Sur le front…
« Sur le front, la peur choisit son camp, elle noie la vallée.
Sur mon front, elle s’amoncelle, ruisselle en goutte salée.
Sur le front, j’encaisse mal, les boyaux se sont retournés.
Sur mon front, un masque à gaz, peu inspiré… S’extirper,
De la tête, cette envie… dévaler sans se retourner.
Dans ma tête, j’abandonne l’idée, la trachée resserrée.
Dans la tête, les regards camarades à jamais gravés
Dans ma tête, je m’égare, je chancelle, une balle s’est logée ».
René Apallec
Infos pratiques : Exposition du samedi 1er au mercredi 19 décembre 2018, proposée dans le cadre de la commémoration du centenaire de la Première Guerre mondiale. Ouverture du mercredi au dimanche, de 15h à 18h. Galerie de l'Hôtel de Ville de Chinon, place du Général de Gaulle. Entrée libre. Plus de renseignements auprès du service culturel de la Ville de Chinon par téléphone au 02 47 93 04 92 ou par mail à culture@ville-chinon.com.
Article du 19 novembre 2018 I Catégorie : Culture