La gestion de l’Abbaye de Fontevraud est aujourd’hui sévèrement pointée du doigt par la Chambre régionale des Comptes (CRC). En cause, « le non-respect répété de ses statuts », « l’information administrative et financière du conseil d’administration déficiente », « le non-respect des grands principes de la commande publique » et d’autres problèmes venant remettre en cause la gestion du monument historique appartenant à l’État, mais géré par le conseil régional des Pays de la Loire.
C’est à travers un rapport de 26 pages publié hier que la Chambre régionale des Comptes (CRC) des Pays de la Loire a soulevé de nombreux problèmes et dysfonctionnements dans la gestion de l’Abbaye de Fontevraud, sur la période de 2012 à 2016. Une gestion assurée par l’association Fontevraud Centre Culturel de l’Ouest (CCO), créée en 1975 sous l’impulsion de l’État, afin d’assurer l’animation et la promotion de l’Abbaye Royale. Ainsi, de par ces nombreux soucis, l’association pourrait se voir retirer sa reconnaissance d’utilité publique, lui permettant de recevoir des dons et des legs.
Une masse salariale douteuse
Durant cette période de 4 ans, pas moins de 2 millions d’euros (en moyenne) de subventions étaient versés à l’organisme par la Région et l’État. « Sur le plan financier, l’association est dépendante pour la plus grande part de fonds publics. De 2012 à 2016, la région et, de manière marginale, l’État, ont versé environ 10 millions d'euros de subventions à cet organisme », peut-on lire dans le rapport. Cependant, bien que l’utilisation de l’argent public se doit d’être transparente et des plus irréprochables, il a été constaté que pour les années 2012 et 2013, la masse salariale brute des 3 plus importantes rémunérations atteignait respectivement 193 237 euros et 196 239 euros (soit en moyenne plus de 5 000 euros bruts par personne), contre 112 001 euros en 2016 (soit en moyenne plus de 3 000 euros bruts par personne), alors même que le secrétariat général de l’association n’était pas compté dans les effectifs.
Le non-respect des grands principes de la commande publique
En plus de cela, la Chambre régionale des Comptes des Pays de la Loire révèle que « plusieurs œuvres, structurantes pour l’Abbaye et d’un coût élevé, n’ont fait l’objet ni d’une mise en concurrence, ni de discussion en conseil d’administration pour décider collectivement de la pertinence de l’achat ». Des achats qui relèvent d’un non-respect des règles de la commande publique, mais des achats justifiés par les services de l’Abbaye qui estiment que ces derniers n’y étaient pas soumis. La CRC précise ensuite ses dires avec plusieurs exemples : « C’est le cas d’une installation achetée en 2012, dont le coût est imputé en partie en fonctionnement et en partie en investissement, pour un montant total de l’ordre de 115 000 d’euros. C’est le cas également d’une œuvre contemporaine d’un montant hors taxe de 50 000 d’euros, achetée en 2013. C’est le cas enfin de maquettes de grande taille, commandées en 2016, d’un coût total supérieur à 250 000 d’euros. »
Le cas de Xavier Kawa-Topor
Xavier Kawa-Topor, ancien directeur de l'Abbaye de Fontevraud (de janvier 2006 à avril 2014), est lui aussi mis en cause dans cette affaire de dysfonctionnements et de mauvaise gestion du monument historique. En effet, durant la période d’avril 2014 à avril 2015, ce dernier, en plus de son travail avec l’association, a principalement effectué une mission pour le compte de l’Association des Centres Culturels de Rencontres (ACCR). Cependant, malgré un travail minime au sein de la CCO durant cette période d’un an, l’organisme a tout de même rémunéré son ancien directeur à 100 %. « La rémunération brute versée à M. Xavier Kawa-Topor au cours de l’année 2014 s’élevait à 85 255,76 euros (source DADS). D’avril 2014 à mars 2015, le CCO a supporté 100 % de la rémunération de son ancien directeur, alors même qu’il ne travaillait pour le CCO que 10 % de son temps. Le coût de cette opération pour le CCO peut être évalué à 76 729 euros (90 % de 85 255,76 d'euros) », précise la CRC.
Un investissement plus qu'une perte ?
Néanmoins, l’ancien président de l’association, de septembre 2005 à juin
2016, a du soutien. Le CCO défend Xavier Kawa-Topor en expliquant que celui-ci fait
partie intégrante de l’ACCR et que, par conséquent, la mission de M.
Kawa-Topor était légitime et avait un réel objectif. Avant de décrire
cette dernière non pas comme une perte, mais comme un investissement
économique et culturel pour le CCO, notamment dans le secteur du film d'animation.
Infos pratiques : Lire le rapport de la Chambre régionale des Comptes, en cliquant sur ce lien.
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Article du 05 juin 2018 I Catégorie : Vie de la cité