Une élection présidentielle comme une catastrophe démocratique !
Frédéric Mortier - Maire de Longué-Jumelles apporte son regard d'élu local sur la campagne des élections présidentielles qui se déroule actuellement. Tribune libre.
Frédéric Mortier - Maire de Longué-Jumelles
"Les adeptes du Basket connaissent bien cette règle mise en place en Coupe de France et en Coupe des Pays de Loire qui veut que lorsqu'une équipe en affronte une autre classée deux fois supérieure, elle commence le match avec 7, 14 ou 21 points d'avance en fonction de l'écart de niveau entre les 2 équipes. Sans compter qu’en Coupe de France, dès lors qu'une équipe de niveau Régional ou Départemental rencontre une équipe de niveau National, le match se joue automatiquement chez le club de niveau inférieur. L'objectif affiché est simple : avantager le plus faible au détriment du plus fort pour que chacun ait sa chance, se surpasse et que les deux équipes donnent le meilleur d'elles-mêmes.
C'est ainsi que parfois le plus faible ayant fait preuve d'une certaine abnégation l'emporte sur le plus fort.
L'élection présidentielle actuelle fonctionne quant à elle d'une manière totalement contraire. En effet les petits arrangements entre amis politiques, les pratiques discutables des représentants de nos institutions publiques et bien sûr le pouvoir détourné exercé par les médias ont considérablement modifié le cadre de cette élection depuis son origine. Les règles avantagent clairement les grands partis, les plus riches et les mieux installés dans un système qui leur appartient déjà, bref, un peu comme si l'équipe de basket du niveau supérieur, malgré les règles du handicap, ne gagnerait jamais parce qu'on avait oublié de lui dire que de toute façon il s'agissait la concernant, d'un match amical.
"Le modernisme est un système de complaisance. La liberté est un système de déférence. La liberté est un système de courage. La liberté est la vertu du pauvre" disait Charles Peguy.
Concrètement et il y a 55 ans était institué la règle des parrainages, 100 à l'époque, 500 aujourd'hui. L'idée de départ était d'éviter de retrouver certains hurluberlus à l’élection présidentielle. L'idée d'aujourd'hui est d'éviter les candidats gênants et peu importe leur personnalité et la pertinence de leurs idées. En publiant la liste de tous les parrains à l'élection présidentielle, les "gros partis" ont tout simplement décidé d'exercer une pression sur les élus locaux. Les réserves parlementaires sont passées par là avec en plus la crainte pour certains de ne pas pouvoir obtenir « une place » lors de futures élections. Les barons locaux se comportent en Seigneur sur leur circonscription électorale, du coup bien souvent loin de l'intérêt général.
L'élection présidentielle est aussi affaire de gros sous, de l'argent bien sûr injustement répartie, ce à quoi succèdent des candidats du système financier bien rodés au "tu m'donnes, j'te donnerai", là aussi bien loin des intérêts collectifs du pays. C'est comme si l'équipe de basket du plus haut niveau achetait finalement sa victoire sur la simple base d'un budget plus important.
"Pourquoi dépenser de l'argent pour faire votre arbre généalogique, disait Mark Twain, faites de la politique et vos adversaires s'en chargeront !"
Et que dire des médias qui ont déjà fait leur choix, agissant de manière volontaire pour éviter l'équité, arque boutés qu’ils sont à se protéger mutuellement et à défendre là aussi des affaires de gros sous. Ne nous étonnons plus du coup de ces taux d’abstention toujours plus importants lors des différentes élections, résultat de la pluralité que ces médias ne veulent pas exercer. Il suffit de consulter les temps d’antennes télévisées de chaque candidat pour s’apercevoir combien notre démocratie est bafouée. Et quand dans le meilleur des cas le débat ne se fait pas entre journalistes et que des candidats « différents » sont invités à exprimer leur programme, les questions posées ne portent quasiment plus que sur la forme alors que c’est de fond et d’idées dont nous avons besoin. L’équipe de basket la plus faible ne peut alors pas bénéficier de la glorieuse incertitude du sport, et quand bien même elle l’emporterait, c’est qu’une erreur se serait glissée dans le résultat final.
Une élection présidentielle comme celle-là, c’est juste une catastrophe démocratique.
PS : bien sûr, toute ressemblance avec des personnes existantes ou toute parallèle avec une organisation de type agglomération existante est purement fortuite."
Article du 06 mars 2017 I Catégorie : Politique
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