A l'occasion du lancement de la nouvelle exposition des archives départementales de Maine-et-Loire (relire notre article), le Kiosque a décidé de consacrer cet épisode de l'histoire locale à l'Anjou Antique.
Amphithéâtre gallo-romain de Gennes.
Romains contre Gaulois : le temps de la conquête
L'occupation humaine est attestée dès la période
paléolithique (v. 40 000 ans av. J.-C.) sur le territoire du futur Anjou,
principalement auprès de la Loire et de ses affluents. L'arrivée des Celtes au
cours du second âge du fer (Ve siècle av. J.-C.) est marquée par l'installation
sur le territoire angevin, sans doute au cours du IIIe siècle, de la tribu que
César nommera Andes dans son récit de la Guerre des Gaules. La Gaule est alors
répartie en trois zones d'influence : à l'Est, les Éduens ; au Sud, les
Arvernes ; à l'Ouest, les Vénètes. Le territoire des Andes est la porte stratégique
conduisant aux places-fortes des puissants Vénètes. Rome ne peut que
s'inquiéter de la présence aux portes de l'empire de ces peuples remuants.
Jules César, homme fort de la République romaine, s'engage à partir de 58 dans
une conquête résolue. Tandis que lui-même combat en Belgique, il confie au
jeune Licinius Crassus et à la 7e Légion le soin de soumettre les peuples de
l'Ouest. La réussite est rapide et complète et Crassus l'assure en installant
ses quartiers d'hiver chez les Andes l'hiver suivant. En 56, la victoire est
acquise.
Dumnacus, le Vercingétorix angevin
Mais la victoire est fragile, et l'agitation persiste. Un
parti hostile aux Romains se constitue sous la conduite d'un chef, Dumnacus («
prince noir » en Gaulois). À la tête d'une troupe nombreuse il se porte vers
Limonum, capitale des Pictons, qu'il assiège sans succès. Il se replie vers la
Loire qu'il tente de traverser en aval des Ponts-de-Cé, mais est rejoint par le
légat Fabius et subit une écrasante défaite. En 51 av. J.-C., c'en est fait de
l'indépendance angevine.
La « cité » des Andicaves : le temps de la paix romaine
Durant les deux premiers siècles se maintient l'organisation
augustéenne de la Gaule divisée en trois entités : Belgique, celtique,
Aquitaine. La « cité » -civitas- angevine appartient au groupe celtique, avec
Lyon comme métropole. Son nom se modifie pour devenir « cité des Andicaves »
(Andicavi, plus tard Andecavi et Andecavorum), d'où découle le nom d'Angers. Sa
capitale est Juliomagus, installée sur l'emplacement même de l'ancien chef-lieu
de la tribu des Andes. D'une superficie de 70 ha environ, peuplée de 3 000 à 5
000 habitants, elle est le carrefour de destinations importantes (Paris-Nantes,
Lyon-Rennes), et est dotée d'édifices publics (forum, amphithéâtre, thermes) et
d'édifices cultuels. Leurs traces aujourd'hui ténues sont révélées depuis un
siècle et demi par les campagnes de fouilles successives, notamment sur
l'emplacement de la place du Ralliement, ou plus récemment près de la gare, où
est mis au jour un sanctuaire dédié au dieu Mithra.
Des traces gallo-romaines sur le sol angevin
Hors de la capitale, la population se répartit dans les
villages (vici) et les grands domaines ruraux (villae). Sur la commune de
Sainte-Gemmes-sur-Loire, non loin du confluent Maine-et-Loire, le site des
Châtelliers de Frémur a passionné les archéologues dès le XVIIIe siècle. On y
releva notamment l'existence d'un théâtre, de thermes, et d'un temple dédié à
Apollon, ainsi que de nombreuses monnaies et de beaux objets conservés
désormais par les Musées d'Angers. Sur la rive gauche de la Loire, le site de
Gennes présente encore des vestiges d'une particulière richesse, avec
l'association d'un sanctuaire et d'un théâtre-Amphithéâtre, comme à Frémur.
La fin du monde Antique : le temps des luttes
À partir des années 250, de nombreuses vagues d'invasions
notamment germaniques menacent la stabilité de l'Empire et remettent en cause
son ordre social et économique. La vallée de la Loire, voie de pénétration
facile, est très vite concernée. Face au danger, les villes se contractent,
abandonnant la plus grande partie de leur territoire et se protégeant derrière
des murailles défensives, tandis que dans les campagnes errent des bandes
armées. Alors que l'autorité romaine s'affaiblit, émerge une force nouvelle, le
christianisme. Déjà fortement implanté dans l'est de la Gaule, il se diffuse en
Anjou dans la seconde moitié du IVe siècle, sous l'influence du grand évêque
Martin de Tours. Il établit son église principale (domus ecclesiae) à
l'emplacement actuel de la cathédrale. Alors qu'une partie des anciens bourgs
gallo-romains sont désertés et ruinés, de nouvelles fondations apparaissent,
comme Chalonnes (Calonna) ou Savennières (Saponaria), dues à l'action de
disciples de Martin : Maurille et Maimboeuf.
Un repli protecteur : la première enceinte d'Angers
Le mur destiné à protéger les Angevins des envahisseurs est
édifié à la fin du IIIe ou au début du IVe siècle, comme à Tours, Nantes ou Le
Mans. Il délimite la ville fortifiée (castrum), située sur le promontoire qui
domine la Maine, à l'emplacement de l'ancien oppidum gaulois. Sa superficie
n'est que de 9 ha, tandis que sa longueur avoisine 1 200 m, et sa hauteur 10 à
12 m, sur une profondeur variable suivant le degré d'exposition naturelle. Les
éléments retrouvés place Kennedy, rue Toussaint, place Freppel, ainsi que dans
les abords de la montée Saint-Maurice, donnent une idée assez exacte de
l'ensemble ponctué de 14 tours dont les vestiges ont pu être observés lors de
fouilles très documentées.
Des historiens aux archéologues, une continuité scientifique
Dès le XVIIe siècle, la présence de vestiges de l'Antiquité
en Anjou est commentée par les auteurs. Dès lors, les historiens s'attachent à
leur sauvegarde et à leur description, et le XIXe siècle voit peu à peu émerger
l'archéologie comme une discipline à part entière. Désormais pleinement
reconnue, dotée d'une législation et d'une organisation spécifiques,
l'archéologie ne cesse de faire progresser la connaissance apportée par
l'examen des traces de la présence humaine, à travers actions de terrain,
publications et échanges scientifiques.
Infos pratiques : Plus de renseignements sur le sujet et sur l'exposition sur https://www.archives49.fr/espace-culturel/exposit...
Que souhaiter de plus dans notre si belle région pour élever de jeunes esprits à la réflexion et à l’étude sans bizarrement penser devoir aller chercher des "coutumes" modernes à découvrir aux USA ! ...
Les sites Gaulois étaient près de la Vienne au temps des Romains. L'emplacement de La Loire actuelle date de l'édification de la levée par Jeanne de Laval. La Loire passais plus au Nord et qui a donnée la richesse du terroir de la Vallée de La Loire