Cette nuit, les agriculteurs du Maine-et-Loire ont mené une vaste opération sur l'ensemble du territoire. Des tas de fumier ont été déversés devant les enseignes de grandes surfaces, notamment à Baugé et Beaufort.
Le magasin Aldi de Baugé-en-Anjou
Dans la nuit du mardi 23 février au mercredi 24 février 2021,
les agriculteurs du Maine-et-Loire ont mené une opération coup de poing : Ce
sont plusieurs grandes enseignes du département qui ont été visées et ont
découvert au petit matin des tas de fumier devant leurs portes. Des actions ont
été menées à Beaufort et Baugé, ainsi qu'à Avrillé, Saint-Jean-de-Linières,
Cholet, Jallais, Chalonnes, Chemillé ou encore Saint-André-de-la-Marche.
Au
travers de ces actions, les agriculteurs ont souhaité faire entendre leur voix
et montrer leur colère. Ils dénoncent le fait que la grande distribution ne
prenne pas en compte la hausse des coûts de production et des produits agricoles
dans les négociations commerciales. Les négociations entre la grande
distribution et les industriels sont en effet actuellement en cours et dureront
jusqu'à la fin de ce mois de février. Ils regrettent que les grandes enseignes ne
respectent pas la loi sur l'agriculture et l'alimentation Egalim (Loi pour
l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire
et une alimentation saine, durable et accessible à tous). Une façon pour le
monde agricole de marquer les esprits et ne pas se faire oublier. Ces actions
interviennent à quelques semaines d'une importante manifestation des
agriculteurs, le 9 février à Angers.
Ce que prévoit la loi
Egalim pour les négociations commerciales
Après avoir été adoptée par le Parlement le 2 octobre 2018,
la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et
une alimentation saine et durable a été promulguée le 1er novembre 2018. La loi
issue des États généraux de l'alimentation poursuit trois objectifs : Payer
le juste prix aux producteurs, pour leur permettre de vivre dignement de leur
travail ; renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle
des produits ; favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour
tous. Elle doit normalement permettre
aux agriculteurs d'avoir un revenu digne en répartissant mieux la valeur. Voici
les grandes lignes de ce que prévoit la loi :
- L'inversion de la construction du prix : le contrat et le prix
associé seront proposés par les agriculteurs, en prenant en compte les coûts de
production. Ils pourront peser dans les négociations grâce à un regroupement en
organisation de producteurs et au renforcement des interprofessions.
- Les organisations
interprofessionnelles devront élaborer et diffuser, dans le cadre de leurs missions,
des « indicateurs de référence » des coûts de production et des
indicateurs de marché pour les aider dans les négociations commerciales.
- Des contrôles et des sanctions sont
prévus en cas de non-respect des dispositions. La médiation sera
également renforcée, de manière à améliorer l'efficacité des dispositions de la
loi sur les relations commerciales.
- Les renégociations de prix seront
facilitées en cas de fortes variations du coût des matières premières et
de l'énergie.
- La loi habilite le Gouvernement à
légiférer par ordonnance sur le seuil de revente à perte et
l'encadrement des promotions. Les ordonnances seront prises en tenant compte de
l'avancement des engagements des acteurs à modifier leurs pratiques.
- Le seuil de revente à perte sera
relevé de 10% sur les denrées alimentaires, à titre expérimental pour
une durée de deux ans. Il doit favoriser un rééquilibrage des marges en faveur
des agriculteurs et des PME.
- L'encadrement des promotions, en
valeur et en volume, là encore à titre expérimental sur deux ans, sera
mis en place sur les denrées alimentaires. Cela permettra de faire en sorte de
mieux rémunérer les agriculteurs et les PME agroalimentaires. Fini par exemple
le « 2 pour le prix de 1 », en revanche le « 3 pour le prix de 2 » restera
possible.
- La disposition relative à l'interdiction
de prix de cession abusivement bas sera élargie pour être plus effective
(dans le cadre d'une ordonnance).
Il serait très intéressant de connaître combien une salade vendue 1€50 a été payée à l'agriculteur et savoir qui s'est engraissé avant que cette salade nous soit vendue ? Ceci vaut pour la viande et volaille.
Compte tenu de ce contexte qui dure depuis des décennies,les Chambre d'Agriculture ne pourraient-elles pas accompagner des groupements d'agriculteurs qui pourraient chaque jour vendre leurs produits (de saison...et à des prix ajustés) dans l'un des ces locaux vides de tout commerce qui sont de plus en plus nombreux dans les centres villes. Impossible ?